Histoire de Berlin. Episode 5 : Berlin divisée (1945-1989)
Une ville divisée
Berlin
est une ville ravagée par la guerre : des quartiers entiers ont été rayés de la
carte, plus de la moitié des bâtiments
et un tiers des industries détruites ou endommagées. Au moins 125 000 Berlinois
ont perdu la vie durant le conflit et beaucoup ont fui la ville. En mai 1945
Berlin ne compte plus que 2,5 millions d'habitants (pour 4,3 millions en 1939)
dont deux tiers de femmes. Celle-ci sont massivement victimes de viols par
l'Armée rouge qui occupe la ville. Ce sont aussi les femmes qui jouent un rôle
considérable pour déblayer les ruines dont les tonnes de gravats formeront des
collines artificielles.
La
ville se trouve divisée en quatre zone d'occupation par les vainqueurs de
l'Allemagne nazie (France, Etats-Unis, Grande-Bretagne, URSS) selon les
dispositions prises par la conférence de Yalta (4-11/02/1945). Les Soviétiques
occupent aussi la région autour de Berlin, la partie ouest de la ville étant totalement
enclavée dans des territoires contrôlés par les Soviétiques.
Berlin divisée en 4 zones d'occupation en 1945
L'Allemagne divisée en 4 zones d'occupation
Mais de fortes tensions éclatent rapidement entre les Alliés occidentaux et l'URSS. Afin de contrôler l'ensemble de la ville, les Soviétiques mettent en place un blocus économique de la ville pour l'asphyxier (24/06/1948-12/05/1949). Mais les occidentaux mettent en place un point aérien (278 000 vols) pour ravitailler la ville et mettent en échec les plans soviétiques.
Avion décollant de l'aéroport de Tempelhof à Berlin durant le blocus
En
1949 la division de l'Allemagne
s'installe avec la création de deux Etats, la République Fédérale Allemande à
l'Ouest et la République Démocratique Allemande (DDR en allemand) à l'Est. Berlin-Est devient la capitale d'une
RDA placée sous le contrôle du SED (le Parti socialiste unifié d'Allemagne),
c'est à dire des communistes et de Moscou.
A partir de la fin des années 1940, l'Europe est coupée en deux par le "rideau de fer" qui sépare les Etats alliés aux USA (en bleu) et ceux alliés à l'URSS (en rouge).
Pour étouffer toute opposition, le
gouvernement crée le ministère de la Sécurité d'Etat, la Stasi. L'opposition ne
tarde pas à se manifester : les tensions
sociale et économique, le contexte de la mort de Staline poussent des milliers
d'ouvriers à se mettre en grève et à manifester en 1953. Les forces armées soviétiques écrasent alors les
manifestations dans le sang.
Char soviétique envoyé pour écraser les révoltes ouvrières en RDA (ici à Leipzig)
De nombreux Allemands de l'Est cherchent alors à fuir la RDA : pour la seule année 1953 prés de 330 000 personnes se réfugient en Allemagne de l'Ouest. Dans la nuit du 13 aout 1961 la RDA installe des barbelés pour séparer Berlin Est et Ouest. Trois jours plus tard commence la construction du Mur qui sépare la ville.
Construction du Mur en aout 1961
Carte du Mur de Berlin
Vue du Mur de Berlin depuis Berlin-Ouest
Vue du Mur avec les différents dispositifs de protection
Il
faut attendre les années 1970 pour voir un tournant s'amorcer. En 1972, par le "Traité
fondamental", la RDA et la RFA se reconnaissent mutuellement comme des
Etats indépendants. En RDA le gouvernement et le SED d'Heinrich Honecker
ont de plus en plus de mal à faire face au mécontentement de la population qui
s'exprime par de grandes manifestations à Leipzig ou à Berlin, et à travers
toute la RDA.
Manifestation à Berlin-Est le 4/11/1989
L'ouverture des frontières de la Tchéquoslovaquie et de la Hongrie permet à des dizaines de milliers d'Allemands de l'Est de passer à l'Ouest. Pour se réconcilier avec la population, le gouvernement de RDA annonce le 9 novembre 1989, à la surprise générale, que les Allemands de l'Est peuvent se rendre librement à l'Ouest. Rapidement une marée humaine se forme et traverse le mur. Les premières brèches dans le mur sont pratiquées dans le mur le 10 novembre.
Porte de Brandebourg, décembre 1989